Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LE BLOG DE CYEK

Etats Généraux de la Comm' : les tergiversations de Issa Tchiroma

20 Octobre 2010, 10:01am

Publié par Cyrille Ekwalla via Cahy Corinne Koum (LNE)

issa-tchiroma.jpgAnnoncée pour avril  par certains cadres du Mincom et pour novembre par le patron de la Communication, la grand-messe des hommes de médias tardent à dessiner ses contours.

Les faits

 Incertitude ou prudence? «  Le principe est acquis mais on ne peut pas encore avancer une date.» Réponse  du ministre de la communication au sujet des préparatifs des états généraux de la communication. Issa Tchiroma Bakary qui réagissait hier 19 octobre à une démarche de La nouvelle Expression a insisté sur le fait que « les préparatifs vont bon train, il n’ ya aucun problème de financement comme certaines rumeurs laissent croire, Nous entendons réussir l’organisation comme nous l’avons fait avec les assises de l’Upf. »

 

A cet événement tenu à Yaoundé en novembre 2009 le ministre de la communication déclarait : « La première utilisation des résultats de vos Assises sera faite de façon approfondie au cours des états généraux de la presse que nous allons bientôt organiser». Ce même mois à une session ordinaire l’Assemblée nationale Issa Tchiroma  faisait de l’organisation des Etats Généraux la deuxième priorité  de l’année 2010 après la communication gouvernementale, « parce qu’il faut mettre de l’ordre dans la maison ». Et au sein du ministère de la communication, on apprendra par la voix des hauts cadres de ce ministère que  Issa Tchiroma avait misé sur le mois d’avril.

Beaucoup n’y croyaient pas: « Les différentes commissions qui auraient dû être mises sur pied ne le sont pas encore. Même si des informations en notre possession font état de ce que des équipes du Mincom devraient bientôt aller prospecter dans d’autres pays, notamment au Maroc et en Côte d’Ivoire, pour voir comment y sont organisés les états généraux de la communication, afin de revenir appliquer et adapter cette manière de faire au Cameroun, » s’exprimait un proche collaborateur du mincom à cette époque. On évoquait également des délais très justes pour le travail titanesque à faire : lister les problèmes, trouver des solutions, préparer les exposés, les thématiques. Finalement les Assisses de la presse camerounaise n’ont pas tenu le rendez-vous.

Report

Le 04 juillet 2010, le Mincom monte au créneau. Face aux journalistes, Issa Tchiroma déclare que  les Etats généraux de la communication se tiendront en novembre. Objectif : « dératiser » la presse camerounaise, « l’aseptiser ».  Pour le mincom, l’organisation des deuxièmes  assises sur la presse au Cameroun après celles de 1995 consacré à la libéralisation de l’audiovisuel, trouve sa justification au regard des dysfonctionnements et des manquements observés au sein de la profession. « Il faut mettre un terme au désordre ambiant et déterminer qui est journaliste et qui ne l’est pas », déclarait le Mincom. Dans le détail,  les participants aux assises devraient faire  « un diagnostic du mal de la presse camerounaise ». Il s’agira de voir « comment structurer la presse camerounaise afin de mettre les journalistes à l’abri de la misère et des marionnettes ou des mercenaires des hommes politiques qui les manipulent », a expliqué le mincom.  Les travaux qui se dérouleront en présence d’experts camerounais et étrangers devraient permettre également de réactiver la commission nationale d’attribution de la carte de presse qui devrait être « un sésame qui détermine qui est journaliste au Cameroun et qui ne l’est pas », selon les propos de Issa Tchiroma Bakary.

Toutefois quelques indiscrétions autour du mincom laissent croire que la grand’messe des hommes de médias pourraient connaître un nouveau report. Le mutisme du patron des lieux sur la date de l’événement en est-il un indice ? 

 

Réactions 

Alain Blaise Batongué, président de l’Upf Cameroun:«S’il y a une volonté politique, on peut trouver des solutions aux problèmes » 

Historiquement lorsqu’on décide d’organiser des états généraux dans un secteur donné,  c’est qu’on s’est rendu compte que les problèmes sont suffisamment graves et que des mesures partielles ne peuvent pas résoudre le problème. Il faut donc organiser des états généraux qui débouchent sur des décisions fortes. Et donc par définition si on décide d’organiser des états généraux, il faut résoudre les problèmes de la profession il y en a beaucoup. En ma qualité de président de l’union camerounaise de la presse francophone section Cameroun, j’ai été reçu récemment par le ministre de la communication, qui m’a dit qu’il comptait sur moi et sur les membres de cette association que je dirige au Cameroun, pour l’aider à résoudre les différents problèmes de la communication de manière générale et du journalisme de la presse de façon particulière au Cameroun, il y en a beaucoup c’est vrai on voit beaucoup plus des problèmes liés à l’éthique et à la déontologie qui sont nombreux, qui sont préoccupants, mais il y en a beaucoup d’autres par rapport au financement de la presse, la distribution, la mutualisation des efforts que doivent faire un nombre d’éditeurs pour résoudre certaines difficultés, et il y a en enfin  un rapport avec la structuration des entreprises de  presse  qui ne doivent pas se limiter à des mallettes où il y a deux papiers en- tête et où les journaux se font dans des cybers , mais ces journaux doivent être des entreprises de presse comme ça se passe dans les autres pays. Donc les problèmes sont nombreux. Et s’il y a une volonté politique, et les moyens subséquents, oui au lendemain des états généraux on peut trouver des solutions aux problèmes. Il faudra que les choses soient dites franchement, et que les décisions soient prises objectivement en tenant compte des expériences qu’on a connues ailleurs.

 

Jean Baptiste Sipa, Le directeur de publication du quotidien Le Messager:«La précarité financière des entreprises de presse les expose à la corruption et à la manipulation ».

Je ne vois pas pourquoi on appelle cela états généraux de la communication plutôt que les états généraux de l’information. Nous savons très bien que sur le plan sémantique, communication et information ne signifient pas la même chose. La communication fait penser à une forme de publicisme, où on défend une image, un point de vue. L’information c’est le fait de donner au peuple les connaissances dont il a besoin pour être des bons citoyens. Je pense que le ministre qui organise ces états généraux n’ait pas compris la différence entre les deux choses. Là n’est pas mon problème. Le véritable problème, c’est qu’aujourd’hui où nous sommes, tout le monde constate la précarité des entreprises de presse ; tout le monde constate l’état avancé de la corruption dans le fonctionnement de presse nationale. Parce que la précarité financière des entreprises de presse entraîne l’appauvrissement des journalistes et les expose à la corruption et à la manipulation.

Si les états généraux de l’information ont pour objet de proposer au gouvernement une politique de l’information qui puisse viabiliser économiquement les entreprises de presse, de manière à sortir les journalistes de la précarité, en ce moment là, les états généraux seraient une bonne chose. Parce que pour sortir les journalistes de la corruption, de la manipulation etc…, il faut que les organes de presse où ils travaillent, leur donnent des conditions de travail décentes ; un salaire qui remplit les fonctions sociales d’un salaire ; c’est-à-dire qui permet de vivre, de se cultiver, d’envoyer les enfants à l’école, de se soigner etc. Tant que l’entreprise ne peut pas donner ces conditions aux journalistes, la presse va continuer de vivre la situation de corruption que nous connaissons aujourd’hui dans le pays.

Maintenant pour viabiliser les entreprises de presse, il faut préalablement que l’Etat admette de manière officielle que l’activité de la presse est un service public qui relève de ses obligations constitutionnelles ; que c’est parce qu’il ne peut pas assumer toute l’information, que les entreprises de presse privées existent pour assurer la suppléance. En ce moment là, il faut que l’Etat apporte un appui financier à ces entreprises pour viabilisation.

Commenter cet article