Douala, cité empoisonnée !
Rejet de déchets industriel et domestique, insalubrité et absence d’installations sanitaires dans certains quartiers sont à l’origine de nombreuses morts dans la ville de Douala. Les politiques de gestion environnementale marquent quant à elles, le pas. Un étang à la couleur verdâtre dans lequel s’abreuve des bœufs destinés à l’abattoir de la ville. Tout autour, des maisons en matériaux provisoires et, à divers points, des monticules d’immondices. L’étranger de passage à Minkwelle à Douala ne peut ignorer ce tableau. Une centaine de mètres plus loin, les installations d’une usine de fermentation d’alcool attirent les regards. Petite bourgade située à la sortie de la ville de Douala, non loin de l’échangeur desservant la région du Littoral à celles de l’Ouest, du Sud-ouest et du Nord ouest.
Mais, ici, c’est la couleur noirâtre d’une nappe d’eau, non loin des habitations du village qui retient le plus l’attention. Tout autour, les herbes ont pris une couleur jaunâtre tandis que les arbres et autres arbustes ont le feuillage recouvert d’une plaque noire, quand ils ne sont pas desséchés. La plupart des habitants du village ont les pieds recouverts d’une gale dont la caractéristique est de laisser de grandes blessures sur la peau. «C’est quand nous entrons dans cette eau que nos pieds sèchent. On a des blessures et ça gratte.» Benoît Biyele, habitant et chef de village laisse par ailleurs remarquer qu’il est difficile depuis de nombreuses années, de prétendre à une récolte dans ce village et ses environs. En fait, derrière l’usine de fermentation s’écoule un ruisseau transportant un liquide marron tandis que l’étang visible à cet endroit est recouvert d’une substance noirâtre. Et, tout autour, les palmiers ont perdu de leur superbe pour se recouvrir d’une substance noire.
Janvier Ze Ze, un autre habitant du village, comme nombre de ses voisins évoquent les difficultés des riverains à vaquer aux travaux champêtres et à la pêche qui constituent les principales activités des habitants de cette zone. « Nous sommes obligés d’aller acheter ce que nous devons manger parce que l’eau qui vient de l’usine brûle nos cultures. » Et pour ce qui concerne la pêche, poursuit notre source, « il faut aller à plus de dix kilomètres dans le Wouri pour espérer avoir du poisson.» Idem pour l’eau à boire. A en croire un villageois, « ça fait longtemps que les gens ne boivent plus l’eau qui coulent devant l’usine.» une situation qui oblige les populations à aller s’approvisionner dans un autre forage mis en service par une usine spécialisée dans la production des serviettes hygiéniques, à des centaines de mètres de là. Le renoncement des riverains serait dû à la couleur souvent jaunâtre de cette denrée.
Situation identique dans le reste de cette partie de la ville de Douala. Ici et là, une usine de transformation de pâte alimentaire laisse échapper les gaz issus de ses activités au grand air. Non loin d’une rôtisserie populaire, sont exposés des déchets brassicoles servant à la nutrition des porcs tandis qu’une usine de fabrication de savon et d’huiles de cuisine déverse ses résidus dans une rigole proche. Plus loin, une industrie de parfum et de cosmétique n’en fait pas autrement. Outre les amas d’ordures qui meublent l’arrière des nombreuses usines concentrés dans cette partie de la ville, l’on peut facilement constater que les déchets rejetés par les usines dans les ruisseaux et marigots environnants finissent leur parcours dans le fleuve Wouri. Un fleuve au bord duquel est implantée une cimenterie.