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LE BLOG DE CYEK

Avi Abraham Sivan : un fantôme encombrant !

2 Décembre 2010, 16:20pm

Publié par Cyrille Ekwalla

Avi-Sirvan.jpgLe fantôme d'Avi Abraham Sivan, ex.commandant du BIR, va, sans nul conteste, planer tel un cumulus nimbus sur la ville de Bamenda les 7 & 8 décembre, la date, finalement retenue par les autorités militaires et politiques pour la célébration du Cinquantenaire de l'Armée camerounaise. Une cérémonie, iniatialement prévue pour les 29-30 décembre, qui a été différée pour "incompatibilité" avec l'agenda du président Paul Biya. Aujourd'hui, tout semble être rentré dans l'ordre; même si la sécurité est le principal souci des uns et des autres dans la capitale du nord-ouest. Ce d'autant plus, qu'on en apprend tous les jours un peu plus sur le défunt Avi Abraham Sivan, à l'instar de cet article de Jeune Afrique :

L'homme qui protégeait Paul Biya

Tué, le 22 novembre, dans le crash d'un hélicoptère de l’armée camerounaise, Abraham Avi Sivan était de ces hommes de l’ombre dont peu connaissent le visage. Sitôt la nouvelle de son décès confirmée, Tel-Aviv a dépêché à Yaoundé un avion spécial afin de rapatrier sa dépouille. De lui, les Camerounais n’en sauront donc pas davantage que ce qu’en dit Moshe Yaalon, le vice-Premier ministre israélien, qui a salué un « grand capitaine, de ceux qui tinrent le terrorisme en échec au cours de la première Intifada ». Pourtant, Sivan aura vécu et travaillé au cœur du pouvoir camerounais.

Nommé attaché de défense à l’ambassade d’Israël à Yaoundé, il arrive dans un contexte délicat. Depuis la tentative de coup d’État de 1984, dont les instigateurs appartiennent à la garde républicaine, le président Paul Biya veut réorganiser sa sécurité. S’il a récompensé les officiers qui sont restés loyaux, il se méfie de l’armée, et même des conseillers français que lui avait légués Ahmadou Ahidjo, son prédécesseur.

Le président camerounais se tourne alors vers les États-Unis. Selon une source bien informée, c’est un diplomate américain qui lui aurait suggéré d’engager des Israéliens. Sivan présente le profil idéal. Même à la retraite, il poursuit sa coopération avec Yaoundé. Épaulé par des instructeurs qu’il a fait venir d’Israël, il forme les soldats de la garde présidentielle (GP), créée après la dissolution de la garde républicaine. Cette unité est équipée par un fournisseur exclusif, Sami Meyuhas, agréé par le ministère israélien de la Défense, et avec qui Sivan tisse des liens étroits. Uniformes, fusils d’assaut Galil, fusils-mitrailleurs Negev… la quasi-totalité du matériel est importée de l’État hébreu.

À la fin des années 1990, les autorités israéliennes mettent un terme à l’exclusivité de Meyuhas, dont le carnet de commandes reste bien rempli. La concurrence s’organise, mais le marché est vaste : en Côte d’Ivoire, en RD Congo, au Kenya, en Éthiopie, les vendeurs d’armes et les experts militaires israéliens occupent le terrain.

Pendant ce temps, après la mise en place réussie de la GP, le colonel Sivan, qui a statut de conseiller contractuel à la présidence camerounaise, forme le bataillon léger d’infanterie (BLI), chargé de combattre le grand banditisme. Cette unité sera transformée en bataillon d’intervention rapide (BIR), échappant au contrôle de la hiérarchie militaire et prenant directement ses ordres à la présidence. L’influence de cette « armée dans l’armée » déplaît aux gradés, qui lui envient ses moyens sophistiqués.

Mais le vide créé par le décès, en 2007, du général Blaise Bénae Mpeke, chef d’état-major particulier et homme de confiance du président, ainsi que la disgrâce du français Raymond Germanos, rattrapé en 2008 par un scandale de mœurs, renforcent l’influence de l'Israélien. Avec lui, Biya avait repris la main dans la gestion des principaux foyers d’insécurité du pays, à Bakassi et dans les zones frontalières du Grand Nord, écumées par les pirates et les « coupeurs de route ». Il faudra continuer sans lui…

Mais avant de le remplacer ou de lui trouver un successeur, ou à tout le moins quelqu'un qui bénéficie  de la même confiance aux yeux de Paul Biya, certaines questions demandent à être élucidées. Dont celle-ci : quelles sont les causes de la mot de Sivan - ou plus exactement les causes de l'accident ? La réponse à cette interrogation taraude quelques officines étrangères, qui se sont imposées dans l'enquête en cours en ce moment au Cameroun. La ernière en date est celle dont parle l'agence de presse chinoise Xinhua, ce 2 décembre :

Deux experts militaires américains séjournent au Cameroun pour enquêter sur le décès dans un crash d'hélicoptère du colonel israélien Abraham Avi Sivan, commandant du Bataillon d'intervention rapide (BIR, unité d'élite de l'armée camerounaise spécialisée dans la lutte contre le grand banditisme)...

Les deux experts ont visité mercredi le site de l'accident à Boumnyebel, à une centaine de kilomètres de Yaoundé, dans lequel Avi Sivan avait péri le 22 novembre matin alors qu'il tentait de relier la capitale camerounaise, en provenance de Douala, à bord d'un hélicoptère de marque Bell, selon les sources militaires.

Y compris l'unique survivant, un blessé grave décédé plus tard à l'hôpital, le drame avait emporté les 5 personnes à bord de cet appareil piloté par un colonel camerounais présenté comme un "très bon pilote". Une commission d'enquête de l'armée a été créée par les autorités du pays pour déterminer les causes de l'accident et le site du crash a été placé sous protection.

L'hélicoptère avait été acquis il y a près de 10 ans, de sources de l'armée, et non pas en mai, comme avaient laissé croire d'autres sources. Des interrogations sont exprimées sur son état d'entretien. Les enquêteurs venus de Washington devaient être rejoints par un expert du américain fabricant d'équipements militaires Bell. (...)

Source : Jeune Afrique & Xinhua

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